La pratique

La pratique en ligne ou la pratique alignée

Par Kodo

La pratique en ligne à l’Ermitage de la montagne bleue a surgi comme un moyen de continuer la pratique de zazen ensemble suite aux bouleversements du monde depuis mars 2020 empêchant les réunions physiques de personnes dans tous les domaines de la vie. Cette solution alternative, bousculant au passage toutes nos idées reçues sur la manière juste de pratiquer, a continué au fil de l’eau, et malgré les “assouplissements” qui auraient pu permettre un illusoire “retour à la normale”, celle-ci s’est révélée à l’évidence telle une nouvelle connexion synaptique, comme un autre possible, une façon de cheminer sur la Voie hors des sentiers battus, réunissant des pratiquants ordonnés moines, bodhisattvas ou non de divers pays parfois même très éloignés et aux personnalités et parcours très différents.

Dans le même bateau ayant pris l’eau, Emporté par le courant
Sans jamais quitter l’assise silencieuse, Un ermitage de montagne,

Dans le bleu du ciel,
Entre mille sommets et nuages épars,
Toujours au Cœur du Dharma coulant en abondance.

La pratique en ligne telle quelle, n’a pas la prétention de se substituer à la pratique dans un dojo ou un temple. Et simplement vécue, elle enrichit la réalisation du gyoji* en s’intégrant harmonieusement à l’ainsité de nos vies, dissolvant sans doute la dualité qui peut parfois être ressentie entre la pratique et notre vie quotidienne. Notre foyer, notre vie entière telle qu’elle est, peut devenir un monastère sans séparation d’avec les lieux physiques de pratique, dojos ou temples où tous les membres de notre Sangha sont encouragés à aller pratiquer en parallèle avec d’autres pratiquants et enseignants non nécessairement rattachés formellement à notre Sangha ouverte.
Ici et maintenant, dans la chambre claire et ordonnée, ici et maintenant dans une mansarde, ici et maintenant dans un espace obscur rempli de livres et d’objets, ici et maintenant dans nos maisons débordantes ou vides, rangées ou désordonnées, dans nos environnements tels qu’ils sont, nous nous asseyons ensemble, souvent si éloignés les uns des autres, à la fois si proches, nous allumons l’encens, nous nous inclinons en gassho, nous revêtons le Kesa après avoir récité le Dai Sai Geda Puku, nous nous prosternons, nous nous asseyons, nous nous balançons de gauche à droite ou inversement jusqu’à trouver notre centre, nous joignons les mains en gassho, les baissons jusqu’à former le Hokkai Join, un ovale ouvert sur l’ouvert, (cf. Comment s’asseoir, Youtube, Pierre Turlur) ; la cloche retentit… Assis en zazen à la maison comme au dojo, parmi tous les bruits ou les silences mêlés à toutes les couleurs et les parfums des saisons, le Dharma fluide comme l’eau, s’écoule de nos cœurs à cœurs, tissant les liens d’ombres et de lumières changeantes de notre sangha vivante.

Zazen du lundi au dimanche


Lundi, 7h20 et 22h50 heure d’été, 7h20 et 21h50 en heure d’hiver
Mardi, 7h20, 12h20 et 19h20
Mercredi, 7h20 et 22h50 heure d’été, 7h20 et 21h50 en heure d’hiver
Jeudi, 7h20 et 22h50 heure d’été, 7h20 et 21h50 en heure d’hiver
Vendredi, 7h20 et 19h20
Samedi, 12h20
Dimanche 8h50 et 19h50


Pour toute information et/ou inscription au groupe de pratique en ligne, contacter Jean-Marc Eryu au 06 62 24 75 60.

Trois dimanches matins par mois : lecture collective et partage après Zazen, autour de textes centraux de notre école Zen Soto.
Le Vimalakirti nirdesa traduit directement du sanskrit par Hokkai
Le Denkoroku traduit directement du japonais par Nyojo
Le Soutra de l’éveil parfait avec le moine Anshu

Sesshin online annoncés sur le fil Skype de la Sangha des Montagnes et des Nuages

* Sesshin annuelle de 10 jours en France chaque été

POINTS IMPORTANTS

Présenter le zen et le pratiquer selon la tradition Sôtô, tradition japonaise très ancienne dont la lignée remonte jusqu’au Bouddha Historique, en respectant ses enseignements fondamentaux ( pratique assidue de l’assise silencieuse, chants et cérémonies particulières, étude des koans, des commentaires et des soutras, couture du kesa et cuisine du goût silencieux, attention portée à l’éveil vécu dynamiquement dans la vie quotidienne). Nous sommes héritiers dans la lignée de Niwa Zenji et Nishijima Roshi et souhaitons garder une indépendance et n’être rattaché à aucune organisation officielle, japonaise ou européenne. Par ailleurs nous avons à cœur de développer un zen éloigné des préoccupations mercantiles et du courant de la pleine conscience, puisque la gratuité est un des aspects les plus importants de notre démarche.
Nous ne souhaitons présenter ni une mouture fade et délayée du zen japonais ni un contenu exotique des plus fidèle et exact aux pratiques ésotériques. Nous souhaitons respectueusement préserver le cœur des enseignements et en adapter certains aspects à notre culture et langues occidentales.
Il est bien évident que notre pratique étant dans la continuation de l’enseignement du bouddha, la connaissance et la compréhension des aspects du dharma originel nous paraît essentielle, l’étude des soutras du Mahayana précieuse, et bien sûr les collections traditionnelles de koans propres à notre école, dont le Denkoroku de Keizan sont abordées.
Nous encourageons fortement ceux qui souhaitent s’asseoir à faire cette expérience à la lumière de la Technique Alexander qui permet une approche harmonieuse et non violente de la posture. La rigidité et la dimension militariste du zen ne sont plus ici nécessaires.
La structure de notre communauté bien que placée sous l’égide et le parrainage de Taïgu Roshi n’en est pas moins horizontale. Nous croyons en effet qu’il faut désormais apprendre à fonctionner plus comme un sangha que selon le vieux schéma maître/disciple. L’échange, les cercles de parole, les concertations sont toujours encouragées. Tous les enseignants sont des héritiers de Taïgu mais ce groupe est ouvert à quiconque le souhaite. Un esprit d’ouverture et de tolérance le caractérise. Nous apprenons à nous entendre dans nos différences.
La relation enseignant/élève est maintenue sans toutefois laisser libre cours à des excès d’autorité et de soumission trop souvent rencontrés ici et là. L’enseignant est un ami de bien qui, ayant une grande expérience du chemin, guide l’élève dans sa pratique, son étude et sa vie afin de lui éviter les écueils les plus fréquents. Une telle relation ne doit pas être prise à la légère, elle implique un grand engagement de part et d’autre et beaucoup d’assiduité. Aucune contrepartie financière n’est attendue.
Vu l’éloignement géographique, nous offrons une pratique quotidienne en ligne, des zazen toujours silencieux ( pas de kusen dans l’école Sôtô) et des enseignements sous la forme de Teisho, de mondô ( questions et réponses), échanges de courriels, Dokusan avec les enseignants, ateliers d’étude…et des sesshins en ligne qui permettent d’associer la vie quotidienne et la pratique communautaire, le zen en ville.
Nous nous réunissons une fois l’an (ou davantage quand c’est possible) pour des sesshins au nombre réduit de participants (une quarantaine de personnes maximum) afin de favoriser les échanges et l’horizontalité. La pratique est organisée autour des zazen silencieux, nous n’utilisons pas le bâton, le Kyosaku, estimant qu’il n’est pas nécessaire et représente une distraction inutile. Par ailleurs nous nous efforçons de minimiser les coûts de ces sesshins, ce qui est facilité par le fait qu’hormis une contribution au financement de son vol depuis le Japon, ni Taigu Roshi ni les autres sensei ne réclament d’argent pour enseigner. Dans un souci de transparence parfaite, la comptabilité est communiquée aux participants.