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Enseignements

La non pensée. Au-delà de la pensée.

  • 6 mars 202428 février 2024
  • par Pierre Taigu Turlur
On rencontre souvent cette expression dans le Bouddhisme. Qu’est-ce que cela veut bien dire? Faudrait-il s’arrêter de penser, « faire le vide » comme on l’entend si souvent ? Méditer, serait-ce donc se vider de toute espèce d’activité mentale et ne penser à rien?
Il nous faut ici dissiper un énorme malentendu, un énorme contresens. Les pensées sont constantes, elles se présentent à l’esprit de façon continue. L’activité cérébrale est en effet nuit et jour productrice d’images et de mots, nous nous parlons constamment à nous-mêmes. Le système nerveux et le corps génèrent constamment des pensées qu’on serait bien en peine de stopper complètement. Veille et sommeil sont habités par des rêves ou des pensées flottantes. Et le rôle de la méditation n’est absolument pas d’y mettre un terme : s’arrêter de penser, ce serait mourir ni plus ni moins. Le problème commence simplement lorsque l’on accorde une trop grande importance à ces pensées, lorsqu’on les croit et surtout quand on en vient à les substituer au réel.
Dans une scène restée célèbre d’un film hollywoodien, un chauffeur de taxi arbore sur le tableau de bord de son véhicule une photo d’une plage exotique et répond à qui le questionne : « voilà comment je résiste au stress, je peux prendre des vacances à tout moment. Coincé dans un embouteillage, il me suffit de regarder cette photo quelques secondes et me voilà en vacances ». On pourrait précisément comparer l’activité de la méditation à des vacances, un moment où on se fiche la paix, on se laisse tranquille, on se détend et se repose du train-train quotidien et des pressions qu’il engendre. Et cela ne prend que quelques secondes ou minutes. Il n’est pas nécessaire de gravir les Himalayas ou de faire une longue retraite. Et pour cela on n’a pas forcément besoin non plus d’une destination exotique, d’un bord de piscine dans un hôtel de luxe, d’un transat ou d’un cocktail préféré et glacé. Il suffit de se consacrer à cela en plein milieu de notre activité quotidienne. Car chaque jour, chaque minute de notre vie nous sommes la source d’une foule d’idées et d’images : soucis de toutes sortes, projets, intentions, souvenirs, tendres ou haineuses pensées, scénario en tous genres des plus agréables aux plus terribles : nous sommes un magasin mouvant d’images où le cauchemar côtoie le rêve. Tout un cinéma mental, une projection privée dans laquelle tout passe, le pire et le meilleur. Une douleur au côté gauche? Et les plus sombres diagnostics s’échafaudent avec des films glauques qui les accompagnent, l’image d’un gâteau au chocolat ou un nu publicitaire, et le désir ou l’appétit se mettent irrépressiblement en mouvement. Ça n’arrête franchement jamais et sans logique aucune, du coq à l’âne. Obéissant et suivant les sollicitations extérieures, conscientes ou inconscientes, ou le plus spontanément du monde, les pensées s’élèvent. Le mental est souvent comparé à un singe dans la philosophie orientale. Un sage qui bondit en tous sens et hurle, rendu fou par une captivité forcée.
Méditer, c’est ouvrir la cage de l’esprit sur le champ et libérer le singe. Dans la tradition bouddhique, on compare souvent le mouvement des pensées à celui des nuages dans le vaste ciel ou de la vague qui se forme sur l’océan, et l’on invite le pratiquant à ne ni suivre ni repousser ces formations mentales, les regarder s’élever puis disparaître d’elles-mêmes. Prendre conscience que nous avons des pensées mais que nous ne sommes pas elles. La pensée de la maladie n’est pas la maladie elle-même. En ouvrant la cage, nous ôtons cette pression intérieure et donnons de l’espace à notre singe qui peut s’ébattre avec plus de liberté. Nous prenons aussi conscience de son existence : chaque pensée est reconnue et identifiée comme telle et une fois reconnue, identifiée nous la laissons aller. Dans la vie, nous ne prenons jamais le temps de mettre de l’espace entre nous et ces pensées alors que dans le processus de méditation, nous cessons de nous identifier avec ce qui nous passe tout le temps par la tête et revenons à la simplicité d’être, va et vient de la respiration, présence au sensations du corps ou aux manifestations extérieures. Plus profondément nous serons alors conscient de ce que ces pensées-nuages loin de contredire la beauté du bleu du ciel en émanent et la rehaussent.
Nous sommes en vacances car nous cessons aussi de juger, peser, évaluer, quantifier, qualifier. Nous mettons ce jugement sévère sur les autres et nous-mêmes entre parenthèse. Dans ce sens, un débutant et un maître expérimenté sont logés à la même enseigne, ce qui a pu faire dire à l’un d’entre eux ceci à un élève qui le questionnait: « il n’a pas vraiment de différence entre vous et moi si ce n’est que je suis conscient du chaos intérieur et du torrent impétueux de mes pensées, vous non ». Bien sûr la pratique de la méditation tend à calmer le jeu et peu à peu espacer pensée et troubles, toutefois cette activité mentale demeure, elle nous accompagne jusqu’à notre mort.

Invitations.

Asseyez-vous ou allongez-vous (mais ici vous risquez de vous assoupir). Assis, le dos naturellement droit, les épaules relâchées, suivez le va-et-vient de votre respiration. Observez les pensées qui vont et viennent et dès qu’une se présente, identifiez-la, vous pouvez l’étiqueter et lui donner un nom et revenez à la simple assise et au souffle qui va et vient. Vous serez surpris de constater à quel point votre esprit part en tous sens et s’écarte régulièrement de votre réalité physique (l’endroit où vous êtes) ou de votre activité (l’attention à la respiration). Parfois vous partirez peut-être dans un film pendant plusieurs minutes jusqu’à ce que vous vous en rendiez compte, à ce moment-là, sans vous juger ni réprimer, revenez simplement à l’endroit où vous êtes et à ce que vous faites.
Un exercice que je tiens pour l’un des plus précieux qu’il m’ait été donné de pratiquer. Vous êtes en prise avec un problème obsédant et tenace, une difficulté journalière qui telle une écharde intérieure vous meurtrit l’âme et abime votre joie. Considérez ce problème et posez-vous cette question : au fond quelle importance? Dans cinq ou dix ou trente ans, quelle importance? À l’échelle de l’univers si incommensurablement vaste, quelle importance? Ayant remis les choses à leur juste place, reprenez le cours de votre vie jusqu’à la prochaine irruption du même problème ou d’un problème similaire car vous l’aurez maintenant compris, ça n’arrête jamais.
La pratique quotidienne enseignait le grand maitre tibétain Dilgo Khyentse Rinpoche consiste simplement à accepter et s’ouvrir à toutes les situations et émotions, à toute personne, en faisant cette expérience sans aucune résistance ou aucun blocage, ainsi on ne se retire ni ne se concentre exclusivement sur soi. Dans cet esprit, développez à chaque pas: curiosité, ouverture et acceptation. Accordez donc sans compter votre attention aux choses aussi infimes et petites qu’elles soient, et aux êtres. Apprenez aussi à voir que la chaussure qu’on lace, la poubelle, le caillou ou la simple pelure de fruit sont, cela va vous choquer peut-être, des êtres à part entière. Faire toute la place à l’univers, plutôt que de faire le vide.

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