La calligraphie

Dans les temps anciens, les empereurs chinois sélectionnaient leurs généraux en les évaluant sur une calligraphie, considérée comme le miroir de l’âme. 

Leur trait témoignait de leur confiance et de leurs doutes, de leur stratégie, de leur vision, de leurs émotions. 

Et celle-ci?

Au delà de la justesse du trait et de la technique de traçage. 

Au delà du contenu que j’ai choisi et de la forme que je lui donne. 

Au delà du style que je préfère et de celui qui me donne du mal. 

Que dit-elle de mes peurs et de mes doutes ?

De mes certitudes-illusions ?

De mon envie de bien faire ou de mon empressement à finir ?

De mes attentes, de mes ambitions, de mes soifs ?

De ma présence à la vie et de ma peur de la mort ?

De ma sérénité aussi. 

De mon lâcher-prise et de mon laisser-être. 

Une bonne calligraphie n’est ni bonne ni mauvaise, elle est le juste reflet de l’esprit de son auteur. 

Elle est la réponse à l’œil de Menzan (qui ne se voit pas lui-même.)

Elle est seulement la trace d’une présence. 

La calligraphie se lit en 4 dimensions physiques :

Deux dimensions horizontales pour les tracés sur la surface du papier.

Une troisième dimension verticale, le pleins et les déliés qui impriment les mouvements verticaux du pinceau.

Une quatrième dimension temporelle : la vitesse du tracé.

Ces quatre dimensions physiques nous donnent à déduire, comme une cinquième dimension suggérée, celle de la présence de l’auteur.

Rien n’est caché.