« La cloche du temple s’est tue

Dans le soir, le parfum des fleurs

En prolonge le tintement. »

Matsuo Bashô (1644-1694)

Zazen est la pratique de l’assise nue et dépouillée. Elle n’est pas fondée sur un enseignement, une réponse particulière, même singulière. Or, le questionnement qui tourne vers la mise en pratique de zazen, ressemble à la question de savoir si l’on pratique.

Cela est une question qui est peut être liée à l’idée qu’il y a un rapport à une forme. La forme et le discours donnent l’idée même d’une pratique que l’on nomme aussi la Voie, car la Voie est zazen. La construction d’une forme quant à la Voie ne permettra pas d’accueillir l’absence de contraintes, ni même d’aspect ou d’appartenance. Cela rejoint aussi l’idée de la posture : posture qui certes existe, le corps physique et ses contraintes, cependant il est aussi un motif unique à chaque souffle, sans forme, ni tensions propres.

Zazen est l’ensemble et ce tout, l’espace vivant, l’écho dharmique.

Tant que réside un fonctionnement et une envie de quête identitaire pour courir, obtenir une image, une trace, une forme, une appartenance ou un aspect, alors les jours passent en vain.

Tant que réside un point de vue ou une volonté d’éclairer par un côté les paroles des maîtres et patriarches, rien n’est réalisé, les paroles sont creuses. Maître Keizan exprime cela dans le Zazen – Yôjinki « là où les points de vue prennent fin, et où tout concept est épuisé, la parole unique se répand dans les dix directions. » Car, nous savons déjà tout ce que nous devons savoir, ressentons tout ce que nous devons ressentir et percevons tout ce qu’il y a à percevoir. Le jour où cela formera un tout unifié, alors la lumière de zazen jaillira d’elle-même et rien n’en sera troublé.

Zazen n’est donc ni une posture, ni une pratique. Zazen, c’est une dynamique individuelle, qui une fois en extension n’est pas différente du tout. Zazen est une constante actualisation dans ce qu’on a observé et d’où émerge l’action, cela n’a rien de différent de moi et pourtant réside sans moi, subtilité unique jamais auparavant manifeste et jamais plus ne se manifestera !

Voilà où réside le véritable trésor de zazen : l’écho dharmique. Assis et dépouillé, tel un bol vide, façonné à l’unique, par son espace vide accueille joyeusement l’écho du Dharma. L’espace qui demeure entre les choses ne distingue alors ni l’interne, ni l’externe. Architecte du vivant, l’espace de ce bol n’est pas non plus néant. L’homme ainsi assis, est de chair et d’os mais aussi de souffle et d’esprit, en outre ; il est ce bol vide rempli de traces vides.

« Merveilleux esprit en nirvâna

Toujours

Puisque ces fleurs invariablement s’épanouissent

Dans mon village d’origine

Les couleurs ne changent pas

Bien que le printemps passe »

Dōgen