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Enseignements

L’enseignement originel du bouddha et son actualité

  • 3 juin 202312 juin 2023
  • par Jean Nyojo Rat

Fondé sur l’attestation de ce qui advient, l’enseignement de l’éveillé s’avère non seulement d’actualité, mais actualisation, nous éclairant à présent même.

Quitter le foyer de nos habitudes conditionnées consiste à ne plus poursuivre ni un bien-être ni une mortification personnels. Tout commence dans l’humilité et la sincérité de reconnaître que nous souffrons. Première noble vérité de la souffrance. Bien sûr, nous souffrons de naître, de vieillir, de tomber malade, de mourir, de nous associer à ce qui est désagréable et de nous séparer de ce qui est agréable, de ne pas obtenir ce que nous désirons. À bien y regarder, tous les phénomènes conditionnés de nos vies, qu’il s’agisse de sensations, de perceptions plus ou moins agréables ou désagréables, de conceptualisations et chosifications, de fabrications, de consciences toutes en identifications, se manifestent tôt ou tard comme souffrance.
Or cette souffrance n’est pas inéluctable. Elle a pour origine, pour condition d’émergence, le désir d’être ou de non-être, de faire exister ou d’annihiler, d’éterniser l’agréable en lui prêtant une fiction d’existence propre, ou de supprimer le désagréable en déniant fictivement ce qui advient tout de même. Deuxième noble vérité de l’origine émergente. Ce désir découle des fabrications, des fictions, c’est-à-dire de l’intention et de nos habitudes d’agir – se manifestant presque toujours sous le prétexte de « vouloir bien faire » – c’est-à-dire de notre tension profonde vers un ailleurs, un mieux, un idéal. En bref, de fabriquer des choses qui n’existent pas, des fictions, et de tenter de plier tout ce qui advient à ces fictions anciennes et étriquées. Du désir procède alors la saisie. Par désir de faire exister et durer ces fictions, ou d’annihiler ce qui nous déplaît, nous prenons et rejetons. Nous nous saisissons d’objets construits par les souvenirs des sens, nous nous saisissons de vues partielles et partiales, nous nous saisissons de rituels, de vœux et de codes de bonne conduite, nous nous saisissons d’une croyance erronée à un moi, un soi. Cette fabrication de fictions procède du non-savoir, de ne pas attester ce qui advient. C’est parce que nous n’admettons pas et n’éclairons pas le processus de ces fabrications, que s’engendre et se reproduit inéluctablement toute cette masse de souffrance.
La cessation de la souffrance, le grand apaisement, le lâcher-prise véritable, ne peut donc s’avérer que la cessation, la renonciation à cette soif existentielle, à ce faire, à cette non-lucidité, à cette croyance en une essence fixe et séparée d’êtres, de choses ou de durées. Troisième noble vérité de la cessation. C’est pourquoi tous les préceptes éthiques du Bouddha commencent par « ne pas » (ne pas tuer, ne pas prendre ce qui ne nous est pas donné, ne pas mentir et nous mentir…). Il s’agit de faire une pause, un pas en arrière, un retour sur nous-mêmes, d’arrêter de nourrir en pensées, paroles et gestes cette épuisante routine. De simplement s’asseoir et laisser advenir ce qui se advient. Cette pratique de laisser advenir, inconditionnellement, humblement, s’avère par son ouverture même amicale avec tout ce qui advient, cessant toute malveillance ; s’avère doucement compatissante pour tout ce qui advient, cessant toute agressivité ; s’avère joyeuse d’accueillir tout ce qui advient, cessant tout tourment ; s’avère transcendante, par- delà toute vue, cessant toute argutie, tout ressentiment. L’ amour ne se fabrique pas, ne se cultive pas, et n’a pas même besoin de se montrer. Il est la pratique inconditionnelle même de laisser advenir sans savoir préconçu, d’éprouver et d’attester ce qui advient – tel quel.
Le cheminement de ce lâcher-prise propose de laisser advenir, d’observer profondément les événements, leur impermanence, leur absence de substance en soi. Le sentier octuple consiste en la vue harmonieuse des quatre nobles vérités, à rebours de toute vue personnelle erronée ; en l’intention harmonieuse, renonçant à l’avidité ou à la malveillance ; en la parole harmonieuse évitant de mentir, calomnier, injurier, s’enorgueillir, parler futilement ; en l’activité harmonieuse observant, comprenant et renonçant à nos comportements empreints de violence, d’appropriation, de mensonge, etc. ; en l’exercice harmonieux de cultiver ce qui s’avère favorable et d’éviter ce qui s’avère défavorable ; en la pensée harmonieuse durant la pratique de la méditation assise silencieuse, pensant en respirant dans les directions données par le Bouddha ; en le samadhi harmonieux, « tout-asseoir- ensemble » : tout se fonde ensemble, à la lumière de la vacuité : rien n’a de substance en soi, rien n’existe de manière séparée. Quatrième noble vérité du cheminement. On l’appelle aussi triple pratique de l’éthique, du samadhi et de la sagesse.
Le Bouddha historique prêcha cette loi universelle, ce dharma, aussi bien par sa manière même de vivre, empreinte de simplicité et de joie,
que par l’assise silencieuse, et selon les circonstances et l’auditoire, par des discours adaptés aux questionnements.
Le Bouddha-Dharma est donc ancien mais toujours neuf. Il a su s’adapter aux cultures et aux époques. La crise générale du monde actuel manifeste d’autant plus sa pertinence. Nous sommes éduqués et conditionnés pour intégrer les valeurs de compétition et de mérite, d’argent et de réussite, de beauté et de bons sentiments affichés, sous lesquels discriminations diverses et rejet de l’autre prolifèrent. Cette massification va de pair avec un individualisme forcené, dans une atomisation sociale totale, dont les réseaux sociaux sont un triste reflet. Nous sommes sommés de participer au fonctionnement banal de la servitude consentie : élaborer des projets, travailler, faire et gagner toujours plus, cultiver désirs, vues et préférences personnelles, nous attacher à des buts matériels, émotionnels et sociaux comme autant de miroirs aux alouettes, et le reste du temps nous distraire de notre souffrance profonde par tous les expédients possibles, souvent addictifs et abrutissants. Et cela, sans jamais nous accorder le temps du repos, de la lucidité et de l’écoute. Un simple moment de tranquillité et de silence peut même nous faire peur.
Le dharma du Bouddha pointe cette souffrance avec acuité et bienveillance, et nous propose une voie à rebours de tous nos conditionnements, fondée sur une éthique pragmatique, une assise régulière, un enseignement profond. Cette voie est universelle, elle n’appartient à aucune école. Elle peut se pratiquer en toutes circonstances. Juste avant sa mort, le Bouddha la rappela en huit pensées, en huit invitations testamentaires, sobrement énoncées mais d’une infinie pertinence et profondeur : vouloir peu, se contenter, s’isoler, persévérer, penser, tout asseoir ensemble, reconnaître, ne pas réifier.
Depuis plus de 2500 ans, la tâche de ses disciples n’a jamais consisté qu’à pratiquer et à partager humblement, ensemble, cette voie de libération.

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